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Disparition d’abeilles : Les apiculteurs en crise, le miel pur presque introuvable sur le marché

Le phénomène de disparition des abeilles a commencé à partir des mois de juin/juillet 2021. Les apiculteurs ont commencé à observer, chacun de son côté, le décès ou la disparition de leurs abeilles avant de se rendre compte que le phénomène les touche presque tous. S’agit-il d’une maladie ? L’ONSSA exclut cette hypothèse, mais les enquêtes et les études de terrain sont toujours en cours. 

L’ampleur des pertes subies par les apiculteurs du Royaume est difficile à définir, puisque le chiffre varie d’une région à une autre selon les nombreuses coopératives de miel consultées par Hespress Fr. Mais les dégâts sont colossaux et les professionnels s’attendent à une crise sans précédent et appellent à l’aide du gouvernement pour sauver le secteur et le relancer.

« Nous avons l’impression de rêver. Nous n’avons jamais assisté à un tel phénomène. Ça nous a tous surpris. Il faut que les responsables se penchent sur notre cas. Les pertes sont incontrôlables. Chaque jour porte son lot de pertes d’abeilles. Des fois 50 à 60 voire plus. Et ça nous ronge de voir nos ruches disparaître sans connaître les vraies raisons« , nous confie Hamid Khales, membre de la coopérative « Miel d’Or« , à Laârjate, dans la région de Rabat.

« Si la situation persiste, on sera dans une crise sans précédent. C’est notre gagne pain et celui d’une centaine de professionnels. Pour mon cas par exemple, je suis endetté jusqu’au cou. J’ai le crédit de la voiture, je dois de l’argent au menuisier au producteur de bougies. Comment vais-je faire pour payer tous ces gens ? J’ai peur qu’au final, je me retrouve en prison. Et je suis un cas parmi tant d’autres, qui vivent la même situation que moi, voire pire« , nous confie-t-il.

Il convient de préciser qu’avec ce phénomène de disparition qui frappe de plein fouet les ruches d’abeilles, le miel pur est devenu presque introuvable sur le marché, selon plusieurs commerçants et clients qui se sont confiés à Hespress Fr.

Ce phénomène est une alerte générale

Aboukhalil Bouazza, président de la coopérative des nobles, et président de l’Union des coopératives Abi Rakrak, pratique l’élevage d’abeilles depuis 1976, qui lui a permis d’avoir une large expérience dans le domaine.

« Nous avons traversé beaucoup de crises et de péripéties dans l’élevage d’abeilles. Mais cette année, ce phénomène a été surprenant. Les apiculteurs des quatre coins du Maroc n’ont jamais assisté à ça« , fait-il observer.

Selon Aboukhalil, les facteurs de la disparition des abeilles sont divers. « Il y a d’abord la sécheresse, puis l’apiculteur lui-même. Il y a malheureusement des professionnels qui ne respectent pas l’élevage d’abeilles dans l’accomplissement de leur tâche. Il y a aussi les problèmes d’alimentation, de médication ou encore de la transhumance des abeilles dans toutes les régions« , explique-t-il.

En effet, plusieurs agriculteurs ont recours à la transhumance de leurs colonies d’abeilles vers d’autres régions, à la recherche d’eau et de verdure pour permettre à leurs abeilles de manger et boire.

« Nous avons remarqué en tant qu’éleveurs que les abeilles d’Azilane ou du sud d’Agadir et les environs d’Essaouira étaient les plus impactées par ce phénomène. Mais les apiculteurs de la région de Rabat, qui ne pratiquent pas souvent la transhumance, n’ont pas été très impactés », précise-t-il.

Pour l’apiculteur, cette « maladie » ou ce phénomène est comme une sorte d’alerte générale aux professionnels du secteur, et aux éleveurs d’abeilles et surtout au ministère de l’agriculture.

« C’est une alerte générale pour que le ministère donne un nouveau souffle au secteur afin que nous puissions disposer de cellules d’abeilles qui coopèrent avec l’apiculteur, puisque la colonie que nous avions eue ces dernières années, ne produisait pas beaucoup. Je me souviens qu’une seule Ruche, à l’époque, pouvait donner jusqu’à 70 kilos. Aujourd’hui, avec cette nouvelle cellule, ce n’est plus possible malgré la transhumance et malgré la recherche constante par l’agriculteur d’un climat favorable, et pourtant. Elle ne produit pas assez« , soutient-il.

ONSSA : Pas de maladie affectant les abeilles

Malgré le doute parmi les apiculteurs sur une éventuelle maladie touchant les abeilles, l’Office Nationale de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a écarté cette hypothèse.

Dans un communiqué datant du 21 janvier, l’ONSSA indique avoir précipité ses services vétérinaires régionaux, après le signalement de disparition d’abeilles, pour mener une enquête de terrain, en collaboration avec des représentants de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’apiculture dans le but de déterminer l’ampleur du phénomène et identifier les facteurs à l’origine.

Ainsi, les résultats de la visite de terrain effectuée sur 23.000 ruches par les services de l’ONSSA, dans différentes régions du Royaume, ont constaté que la disparition des abeilles des ruches et un « phénomène nouveau« , qui touche certaines zones, mais à des degrés divers, excluant que ce phénomène soit le résultat d’une maladie affectant les abeilles.

Au jour d’aujourd’hui, alors que le phénomène de disparition des abeilles persiste encore, l’ONSSA mène des enquêtes et des études de terrain, en coordination avec les différentes parties prenantes, pour identifier les facteurs à l’origine de ce phénomène.

Le plan du gouvernement pour sauver le secteur

Face à ce phénomène troublant qui risque de créer une crise environnementale, le ministère de l’Agriculture a annoncé la préparation d’un programme spécial pour soutenir les apiculteurs touchés dans un certain nombre de régions.

Le programme comprend l’allocation d’un montant de 130 millions de dirhams pour soutenir les éleveurs pour la reconstruction des ruches infectées en distribuant de nouvelles colonies d’abeilles sur la base d’un recensement qui sera effectué à cet égard, en plus d’une campagne nationale de traitement des ruches d’abeilles contre la maladie de la Varoise.

Dans le cadre de ce nouveau programme, des campagnes de sensibilisation seront menées au profit des apiculteurs des régions du Royaume sur tout ce qui touche aux bonnes pratiques apicoles, a précisé le ministère.